C’EST QUOI UNE MAMMITE ?
1ère pathologie en élevage laitier, les mammites ont de nombreux impacts sur la vie de l’exploitation : pertes économiques, charge mentale, travail supplémentaire, etc…
En France, les mammites représentent la 2ème plus grande cause de réforme, juste derrière les troubles de la reproduction.
De plus, les infections mammaires réduisent la carrière des vaches laitières. Il est donc important de bien comprendre les mécanismes à l’origine de cette maladie pour limiter sa survenue et ainsi prolonger la longévité des vaches laitières.
Le saviez-vous ?
Le coût moyen d’une mammite clinique ou subclinique est estimé à 224 €1. Ce coût inclut les pertes de production, le travail supplémentaire engendré ainsi que les frais vétérinaires.
Mammite ou cellules : il s’agit toujours d’une infection !
La mammite se définit comme une infection de la mamelle causée par des micro-organismes dont la voie d’entrée est presque toujours le sphincter du trayon.
Les germes les plus fréquemment rencontrés sont des bactéries : Streptococcus uberis, Staphylococcus aureus et Escherichia coli. Avec la démocratisation des robots de traite, il est observé une augmentation des mammites à Streptococcus agalactiae. Cette recrudescence s’explique par le fait que certaines parties du robot en contact avec la mamelle sont insuffisamment nettoyées.
⚠️ Toutes les mammites ne sont pas dues à des bactéries, certaines microalgues comme Prototheca peuvent être aussi responsables de mammites.
L’infection provoque une réaction inflammatoire locale associée à un afflux de globules blancs dans la mamelle (leucocytes), augmentant le nombre de cellules somatiques dans le lait. Il s’agit d’une réaction immunitaire normale en réponse à la pénétration d’un pathogène dans le quartier.
Source : Les mammites, j’anticipe ! CNIEL
Quand on parle couramment d’une « vache à cellules », il est question en réalité d’une vache dont le nombre de leucocytes est au-dessus des seuils physiologiques.
Le saviez-vous ?
La présence d’une quantité minimale de cellules somatiques dans le lait est naturelle (< 40 000 cellules/ mL). En effet, rentrent dans le comptage des cellules somatiques du lait :
– les cellules épithéliales : liées au renouvellement des cellules recouvrant la glande mammaire
– les leucocytes (ou « cellules » dans le langage courant) : ces cellules sont présentes à faible concentration, même en l’absence d’infection ;elles jouent un rôle de sentinelle pour détecter la présence de germes pathogènes.
Les mammites cliniques
Les mammites cliniques se caractérisent par l’apparition de symptômes observables au niveau de la mamelle (lait modifié, chaleur, gonflement) voire d’une atteinte de l’état général de la vache (ex : mammite gangréneuse). Elles peuvent être classées en 3 grades selon leur sévérité clinique2,3 :
Les mammites subcliniques
En cas de mammite subclinique, l’inflammation de la mamelle n’est pas visible. L’aspect du lait et l’état général de la vache sont normaux. Néanmoins, une mammite subclinique peut avoir des conséquences importantes, telles la dégradation de la qualité du lait et réduire la production laitière de la vache atteinte.
Une mammite subclinique s’accompagne d’une augmentation de la concentration en cellules somatiques du lait. Cette augmentation correspond à une réponse de l’organisme pour se défendre contre les bactéries ayant pénétré dans la mamelle.
Cependant, ce phénomène n’est pas visible extérieurement. Il est seulement possible de le détecter en réalisant directement un test CMT (California Mastitis Test) ou bien à l’aide d’appareils de comptages cellulaires.
Bien que les valeurs diffèrent entre les différentes recommandations d’experts, la définition internationale du seuil de référence considère qu’une mammite subclinique est présente dès lors que le lait contient plus de 200 000 cellules somatiques par mL.
Pour détecter la présence de mammite subclinique, les éleveurs laitiers doivent surveiller les concentrations cellulaires individuelles (CCI) tous les 1 à 2 mois ou bien utiliser des outils permettant de connaître la concentration en cellules somatiques à chaque traite.
Afin de prévenir l’incidence des mammites subcliniques, il est important d’avoir de bonnes pratiques de traite, une excellente hygiène mais aussi d’entretenir régulièrement la machine à traire.
Quelle est la cause des mammites ?
Généralement, la mammite est causée par l’invasion de bactéries dans la mamelle via le sphincter du trayon. Ces germes peuvent :
Provenir de la mamelle d’une autre vache (réservoir mammaire) et se transmettre au moment de la traite (nettoyage de l’équipement de traite, pratiques de traite, nettoyage/désinfection…).
Provenir de l’environnement extérieur (réservoir environnemental). La vache se contamine à cause d’une pression infectieuse trop forte (litière insuffisamment renouvelée, zones de surdensité, zones humides, ambiance du bâtiment…) ou via des insectes vecteurs (ex : les mouches pour les mammites d’été).
Au-delà de la notion de réservoirs, les mammites ont généralement une origine multifactorielle (pression bactérienne, immunité de l’animal, logement…), il est donc parfois difficile d’en identifier la cause principale.
Cependant, une analyse complète des facteurs de risques et une correction de ces derniers permet de limiter l’apparition de cette maladie voire de l’éradiquer. Parlez-en à votre vétérinaire ou à votre conseiller.
1. Raboisson D, et al. (2020). “The Use of Meta-Analysis for the Measurement of Animal Disease Burden: Losses Due to Clinical Mastitis as an Example”.Frontiers in Vet. Sci., 7,149. DOI : 10.3389/fvets.2020.00149
2. Krömker V, Leimbach S. Review: Mastitis treatment – Reduction in antibiotic usage in dairy cows. Reprod Dom Anim 2017; 52 (Suppl. 3), 21–29
3. Swinkels et al., 2013, The Veterinary Journal, 197; 682-687
GP-FR-NON-230700013