Bonnes pratiques d’administration des soins au tarissement

Le tarissement est une période-clé dans la carrière d’une vache laitière. C’est à la fois une opportunité (relance de la production laitière, traitement des infections mammaires de la lactation) et une période à risque vis-à-vis des nouvelles contaminations.

L’hygiène des soins pratiqués est fondamentale pour minimiser la survenue de nouvelles infections au tarissement. D’autant que certains germes, responsables de mammites, sont résistants aux antibiotiques (exemple : Pseudomonas) et que seules des mesures préventives, comme l’hygiène, permettent de les éviter.

Les contaminations extérieures profitent des bouleversements physiologiques de la mamelle

La majorité des vaches sont contaminées par des agents extérieurs en début et fin de période sèche1. Ces moments correspondent aux bouleversements physiologiques (et donc à la fragilité) de la mamelle.

Pendant la période sèche, des mécanismes naturels limitent l’entrée et la prolifération de bactéries. A partir du tarissement, la kératine s’épaissit dans le canal du trayon jusqu’à former un bouchon destiné à obturer la mamelle et rendre difficile l’entrée de tout nouvel agent pathogène.

Or, ce bouchon de kératine se forme en moyenne en 7 jours. La première semaine post-tarissement (période A sur la figure 2) constitue donc la période la plus critique du point de vue des contaminations, d’autant que la traite ne joue désormais plus son rôle de vidange.

A ce stade, le niveau d’hygiène adopté pour l’administration des produits de tarissement est déterminant dans l’apparition de nouvelles infections.

Graphique physio anatomie
Figure 1

La seconde période à risque (période C sur la figure 2) se situe autour du vêlage.

graphique 3 phases
Figure 2

La forte pression dans la mamelle, liée à la reprise de la production laitière, peut conduire à la fissure du bouchon naturel de kératine et être associée à des pertes de lait, favorisant les contaminations.

Il est d’ailleurs recommandé de traire la vache dès que des pertes de lait sont observées en fin de période sèche.

Les bonnes pratiques au tarissement qui font la différence !

Tarir progressivement

Une relation est établie entre le niveau de production laitière au moment du tarissement et le risque de nouvelles contaminations2. Une vache qui produit plus de 12 L de lait par jour au tarissement multiplie par 4 son risque de nouvelles infections (risque lié à la moindre qualité du bouchon).

Chez les hautes productrices1, la formation du bouchon de kératine est également ralentie, voire absente (chez une sur deux). La diminution de la production laitière est une option intéressante, quand cela est possible, en agissant sur le nombre de traites et sur l’alimentation.

Respecter l’ordre de soin des trayons

Au-delà de la gestion zootechnique du tarissement, les bonnes pratiques d’administration des soins, par voie intramammaire, sont fondamentales. Le soin des trayons doit, en particulier, respecter un ordre précis.

La désinfection tout d’abord, doit se faire du trayon le plus éloigné au moins éloigné (voir illustration).

A l’inverse, les produits intramammaires de tarissement sont administrés du trayon le plus proche à celui le plus éloigné, afin de ne pas recontaminer les trayons désinfectés avec votre poignet ou la manche de votre vêtement.

 La désinfection et l’administration des tubes doivent se faire en ordre inverse, de sorte que votre poignet ne recontamine pas un trayon désinfecté.

désinfection administration
La désinfection et l’administration des tubes doivent se faire en ordre inverse, de sorte que votre poignet ne recontamine pas un trayon désinfecté.

Maintenir pliée la lingette désinfectante

Il est conseillé de maintenir la lingette désinfectante pliée, de sorte qu’elle reste bien humide. Les lingettes sont imbibées d’une solution alcoolique désinfectante qui s’évapore progressivement à l’air libre.

Ce phénomène est accéléré lorsque le tissu est déplié, et par temps chaud.

Maintenir la lingette pliée permet de limiter l’évaporation et de décontaminer correctement autour du sphincter du trayon.

Maintenir la lingette pliée et désinfecter à l’aide d’un mouvement circulaire en se concentrant autour de l’orifice du trayon.

lingette désinfection
Maintenir la lingette pliée et désinfecter à l’aide d’un mouvement circulaire en se concentrant autour de l’orifice du trayon.

Proscrire l’ouverture des tubes intramammaires avec la bouche

La bouche abrite un grand nombre de pathogènes potentiellement transmissibles à la vache au moment de l’insertion de la canule dans le canal du trayon.

Cette pratique est donc à proscrire absolument.

ouverture

Privilégier une ouverture manuelle des tubes avec, bien évidemment, des mains (ou gants) propres et désinfectées entre chaque vache.

Privilégier l’insertion partielle

Pour les produits intramammaires, deux modes d’application existent : l’insertion partielle de la canule ou l’insertion totale de la canule.

Les bénéfices de l’insertion partielle ont été démontrés3 : le recours à l’insertion partielle divise par 2 le taux de nouvelles contaminations par rapport à l’insertion totale. Cette pratique est plus respectueuse de la kératine et limite l’entrée d’agents pathogènes dans le sphincter.

insertion

Adopter les bonnes pratiques complémentaires

  • Au tarissement
  • Identifier les vaches avant tout traitement
  • Faire en sorte que les vaches restent debout pendant 20 min, le temps que les sphincters se ferment.
  • Pendant la période sèche et autour du vêlage
bonnes pratiques

Veiller à maintenir une bonne hygiène du logement (intérieur ou extérieur) tout au long de la période sèche. A l’approche du vêlage la propreté devient incontournable car les sphincters se réouvrent sous l’effet de la reprise de la production laitière.

Références bibliographiques

1.Bradley A.J & al. (2015). “An investigation of the dynamics of intramammary infections acquired during the dry period on European dairy farms”. J. Dairy Sci., 98, pp 6029-6047. http://dx.doi.org/10.3168/jds.2014-8749

2.  Schukken Y.H. and al. (1993). “A Randomized Blind Trial on Dry Cow Antibiotic Infusion in a Low Somatic Cell Count Herd”. Journal of Dairy Science 76(10):2925-30, DOI:10.3168/jds.S0022-0302(93)77632-8

3. Boddie and Nickerson (1986). Dry cow therapy: Effects of method of drug administration on occurrence of intramammary infection. Journal of Dairy Science,69, pp 253-257.

GP-FR-NON-220500056