LE TARISSEMENT SUR MESURE
La clé pour un passage réussi au tarissement avec moins d’antibiotiques !
Jusqu’alors, l’ensemble des vaches d’un troupeau étaient taries à l’aide d’antibiotiques intra-mammaires, sans distinction de leur statut infectieux vis-à-vis des mammites.
Depuis quelques années, les pratiques évoluent vers le tarissement sélectif, qui consiste à ne traiter que les vaches ayant une mammite en fin de lactation.
Pourquoi raisonner l’usage des antibiotiques ?
- Pour conserver l’efficacité des antimicrobiens et limiter la sélection de bactéries résistantes
Le phénomène d’antibiorésistance est une problématique grandissante.
Selon le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la résistance aux antibiotiques pourrait représenter la 1ère cause de mortalité mondiale d’ici 2050.
En pratique, lorsque les antibiotiques sont utilisés trop souvent, ou lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, les bactéries sont capables de s’adapter et deviennent insensibles à l’action de ces antibiotiques.
Ce phénomène est particulièrement grave lorsque les mêmes bactéries devenues résistantes entrainent des infections à la fois chez l’animal et l’Homme.
Au niveau européen, le règlement EU 2019/6 précise qu’il n’est désormais plus autorisé d’avoir recours aux antibiotiques pour prévenir la survenue de maladies. Une exception existe toutefois pour les vaches laitières au tarissement :
« Seules deux ou trois indications en prévention pourraient être conservées dans les AMM d’antibiotiques existants : […]
– Chez les vaches laitières, certains antibiotiques intramammaires hors lactation pour la prévention des nouvelles infections mais dans le cadre d’un traitement sélectif (et non systématique) au tarissement. […] »
- Pour répondre aux attentes des consommateurs :
D’après un sondage IFOP (2017), 85% des Français se déclarent être préoccupés par le développement de la résistance aux antibiotiques.
Sur ce même panel, 76% des personnes interrogées seraient prêtes à acheter des produits carnés issus d’animaux élevés sans antibiotiques. L’usage raisonné des antibiotiques fait partie des enjeux de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) mis en avant par les laiteries.
Comment tarir avec moins d’antibiotiques ?
Avec la mise en place du Règlement européen 2019/6, il n’est aujourd’hui plus toléré de traiter au tarissement des vaches saines avec des antibiotiques, sans facteurs de risque avérés. Le tarissement sélectif devient une pratique de référence. Mais ne passe pas au tarissement sélectif qui veut !
La transition vers le tarissement sélectif doit être progressive et accompagnée par votre vétérinaire. La réduction de la consommation d’antibiotiques implique d’avoir, au préalable, une bonne maîtrise de la santé mammaire de son troupeau (hygiène, connaissance de la situation sanitaire, conduite d’élevage…).
« Cela n’est pas nécessairement compliqué mais cela demande une certaine rigueur. »
Tarissement systématique
Traiter l’ensemble des vaches à tarir avec des antibiotiques.
- Ce type de tarissement a été largement pratiqué pendant des années
- Le nouveau règlement européen EU 2019/6 précise que les antibiotiques ne doivent pas être utilisés à titre préventif.
- La réduction de l’usage des antibiotiques est un enjeu de la filière laitière, notamment pour des raisons de Santé Publique et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
Tarissement sélectif
Traiter les vaches individuellement en fonction de leurs besoins.
- Au tarissement, les antibiotiques doivent être utilisés seulement sur des vaches en mammite subclinique ou pour des groupes de vaches clairement identifiées comme à risque.
- Le tarissement individuel des vaches implique une bonne gestion de la santé mammaire du troupeau ainsi que l’application des bonnes pratiques.
- Les obturateurs, posés dans des conditions d’hygiène irréprochables, constituent une alternative aux antibiotiques pour prévenir les nouvelles contaminations au tarissement. Ils forment une barrière pour empêcher les agents pathogènes environnementaux de pénétrer dans la mamelle pendant le tarissement.
Un des piliers du passage réussi au tarissement sélectif est la connaissance et la maîtrise des facteurs de risque à chaque étape du tarissement. C’est cette analyse qui va permettre de déterminer si l’usage d’un obturateur est nécessaire.
Au-delà du suivi des cellules et de l’historique de mammites du troupeau, les facteurs de risques peuvent être identifiés, en lien avec des problématiques collectives (densité, zones de couchage) ou individuelles (lésions des trayons, pertes de lait…).
C’est pourquoi La Santé de Mon Troupeau préfère le terme Tarissement Sur Mesure. Il existe autant de stratégies que d’élevages et, que de vaches dans un élevage. La recette du voisin n’est donc pas toujours applicable dans son propre élevage.
Au-delà des choix thérapeutiques, le Tarissement Sur Mesure est une approche basée sur le risque de développement des maladies, la biosécurité, la conduite des animaux.
Le Tarissement Sur Mesure est un travail d’équipe entre l’éleveur, son vétérinaire et ses conseillers. L’ensemble du personnel d’élevage doit y être sensibilisé (notamment si le tarissement est effectué par différents individus). Cette étroite collaboration est l’assurance d’un tarissement réussi avec un usage raisonné des antibiotiques.
Travailler conjointement sur la gestion des maladies et leur traitement est nécessaire pour la santé mammaire de l’ensemble du troupeau.
Quels sont les facteurs de risques au cours de la période sèche ?
La période sèche peut être découpée en 5 périodes, de la préparation du tarissement jusqu’au vêlage. Chacune comporte des points d’attention spécifiques, en lien avec les modifications physiologiques subies par la vache et sa mamelle lors du tarissement :
Etes-vous prêt à passer au tarissement sélectif ? Auto-évaluez vous
Le plan en 5 étapes du Tarissement Sur Mesure permet de vous évaluer, pour chacune des 5 étapes de la période sèche, sur les 5 principaux facteurs en lien avec chacune de ces périodes.
Comment faire ?
- Remplir le formulaire, appliquer les pondérations et reporter les résultats finaux sur le graphique en fin de document.
- Identifier les points satisfaisants dans la gestion de vos vaches taries et ceux qui doivent être optimisés pour limiter le risque de nouvelles infections intramammaires. Pour chaque étape, un score inférieur au seuil critique indique un point à améliorer avant d’envisager tout changement de stratégie.
- Evaluer les résultats de l’exploitation (taux de guérison, taux de nouvelles infections, historique de mammites).
- Comparer cet indice à vos propres objectifs (ci-dessous, les normes couramment admises) :
5. Si les objectifs ne sont pas atteints, identifier les facteurs de risques les plus importants.
6. Mettre à jour la stratégie de gestion des vaches taries pour éviter les risques identifiés, en collaboration avec votre vétérinaire ou votre conseiller.
Cet outil est une première étape vers l’évolution de votre stratégie de tarissement et n’encourage aucunement à prendre la décision de changer sa stratégie de traitement sur la base de ce seul questionnaire. Le Tarissement Sur Mesure reste un travail d’équipe et nous vous encourageons à consulter votre vétérinaire.
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