Bovins ou strongles : quelle résistance souhaitez-vous développer ?

Des contacts avec les strongles bien dosés pour le développement de l’immunité en toute sécurité.

Leçon 1 : contre les strongles choisissez le programme raisonné

LA MENACE DES STRONGLES

Chez les bovins élevés au pâturage, les strongles gastro-intestinaux peuvent induire des pertes de production (retards de croissance et baisses de production laitière)[3] ainsi que des atteintes cliniques chez les animaux non immuns. Le contrôle de l’infestation est donc crucial pour la carrière et le confort de l’animal.

LES CONSÉQUENCES DE PRATIQUES DÉRAISONNÉES

Les vermifuges anthelminthiques ont un rôle prépondérant dans le contrôle de l’infestation des strongles. Mais leur usage déraisonné couplé à l’abandon de mesures complémentaires de gestion du pâturage s’avèrent délétères.

En effet, ceci aboutit à un fort risque de résistance des parasites aux anthelminthiques (et donc à l’inefficacité de ces derniers) ainsi qu’à l’atteinte de l’équilibre de l’écosystème des prairies (bousiers, alliés naturels dans la lutte contre les strongles).

CHOISIR LE PROGRAMME RAISONNÉ

Pour minimiser ces dérèglements, le contrôle des strongles doit être raisonné et répondre à 2 règles :

  • Développer l’immunité naturelle des jeunes bovins en début de carrière : grâce à une infestation nécessaire mais contrôlée.
  • Raisonner votre plan de contrôle d’infestation : grâce à la maîtrise des contacts bovin / parasite.

Leçon 2 : l’infestation nécessaire… pour développer l’immunité

PERMETTRE LES CONTACTS BOVINS / STRONGLES

Les bovins ont une capacité naturelle à résister aux strongles digestifs. Cette immunité naturelle se développe au contact des parasites.

Ainsi, avant leur première pâture, les jeunes bovins sont particulièrement sensibles aux infestations car leur organisme n’a jamais été confronté aux strongles : on dit alors qu’ils sont non immunisés (ou naïfs). Il en va de même pour les animaux qui pâturent sous protection permanente de vermifuge : aucun contact avec le parasite n’est permis donc aucune défense ne se développe.

8 MOIS DE CONTACT POUR UNE IMMUNITÉ PROTECTRICE

Une étude[1] a permis de déterminer que 8 mois cumulés de contact sont nécessaires pour considérer l’immunité acquise comme protectrice pour le bovin.

Les périodes de contact à comptabiliser sont celles qui ont lieu sans couverture médicamenteuse (anthelminthique) et hors période de sécheresse. On mesure ainsi le niveau d’immunité grâce au calcul du TCE (temps de contact effectif).

Il est crucial de favoriser les contacts dès la première mise à l’herbe pour conduire les génisses vers leur immunité protectrice au plus tôt, car si l’acquisition de TCE est dépendante des mesures de maîtrise de l’infestation, elle l’est aussi d’impondérables météorologiques comme la sécheresse.

Leçon 3 : l’infestation bien dosée… pour garantir les performances et le confort

LES CONSÉQUENCES D’UNE INFESTATION NON CONTRÔLEE

L’infestation est nécessaire pour développer l’immunité naturelle des bovins contre les strongles digestifs, mais elle doit être contrôlée pour ne pas nuire au bien-être et aux performances des bovins. En effet, les études[2] démontrent que les performances futures de la carrière du troupeau sont altérées chez les génisses non immunes qui sont exposées sans contrôle aux strongles digestifs :

  • retard de puberté des génisses[2],
  • mauvais développement du parenchyme mammaire[2],
  • moindre production laitière : 1 kg par vache / jour[1]

DES CONSÉQUENCES QUI S’AGGRAVENT AVEC LE TEMPS

Toutes les 3 semaines (environ) les strongles gagnent une génération. Et plus ils évoluent, plus ils provoquent des dégâts graves et plus la charge parasitaire de la parcelle augmente.

En parallèle, moins l’animal est résistant plus il concourt à la multiplication de la population de strongles sur la parcelle : effet boule de neige.

ASSURER UNE EXPOSITION CONTRÔLÉE : LE RÔLE DU VÉTÉRINAIRE

Il existe des solutions pour assurer une exposition nécessaire mais contrôlée aux strongles. Demandez conseil à votre vétérinaire.

[1] RAVINET & al. Le niveau d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank (DO) à utiliser ou non ? Le Nouveau Praticien
[2] Perri and all. Gastrointestinal parasite control during prepuberty improves mammary parenchyma development in Holstein heifers, Veterinary parasitology, vol. 198, no. 34, pp. 345-350-2013
[3] CHARTIER & al. La résistance aux anthelminthiques chez les ruminants. UMR BioEpAr Oniris. Procceeding Utilisation raisonnée des antiparasitaires à l’horizon 2020-2025, p.9, novembre 2017.

GP- FR-RED-220100003 – Février 2022

Découvrez notre newsletter

Vous êtes éleveur/se, technicien/ne ou ASV ? Inscrivez-vous à notre Newsletter et découvrez notre bibliothèque d’anciennes éditions.