Les vaches maigrissent lorsqu’elles boitent, et boitent lorsqu’elles maigrissent !

S’il est aisé d’imaginer que les troubles de boiterie entrainent un amaigrissement de l’animal, l’effet inverse est moins facile à se représenter. Pourtant ce phénomène existe vraiment.

D’abord la boiterie est le signe clinique de la douleur associée à une lésion du pied le plus souvent. C’est donc la douleur qui entraîne une modification des appuis et de la démarche. L’intensité de la douleur porte atteinte au bien-être de la vache.

Gênée, celle-ci modifie son emploi du temps, limite ses déplacements vers la table d’alimentation et s’isole des congénères pour ne pas être bousculée. Elle s’abreuve et s’alimente donc moins, voire beaucoup moins : de -3% à -16% de matière sèche ingérée (MSI) selon le degré de la boiterie ^{[1], [2], [3]}. La boiterie est donc à l’origine de l’amaigrissement du bovin.

Par ailleurs, un bovin qui maigrit est plus sujet à la boiterie. En effet, son pied est équipé de coussinets plantaires graisseux jouant le rôle d’amortisseurs. L’amaigrissement (en particulier dans les semaines qui suivent le vêlage) réduit ce renfort.

Le pied est plus proche du sol, plus exposé aux frottements et aux chocs, et donc fragilisé. Les plaies seront une formidable porte d’entrée pour les agents infectieux à l’origine des boiteries bactériennes (fourchet, maladie de Mortellaro, panaris).

Ainsi, chez la vache laitière, on peut prédire une sensibilité et redoubler d’attention, en début de lactation, lorsque l’animal maigrit. Des études montrent la diminution du coussinet graisseux autour du 4ème mois de lactation, rendant la vache plus fragile puisque moins bien chaussée.

^[1] Collectif. BOREVE. Prise en charge de la douleur chez les bovins. Edition 2010 : 68 pages.

^[2] DELACROIX. Maladies des bovins, Editions La France Agricole, 4ème édition 2008 : 232-285.

^[3] TIERS. Boiteries : conséquences sur la production. Bovins Santé, Mars 2015 : 16-19