Longévité des vaches laitières : partie 1 – Etat des lieux

« Dans pratiquement toutes les espèces d’animaux de rente, ce n’est pas la mort naturelle qui met un point final à la vie de l’animal mais plus souvent son abattage qu’on appelle aussi la réforme » (Ducrocq, 1992).

Le terme « longévité » décrit en général une longue existence ou une longue durée de vie, mais il est difficile de suggérer une définition unique de la longévité car elle peut varier d’une étude à l’autre. Par exemple, pour certains, la longévité peut être définie comme le temps pendant lequel les vaches restent dans le troupeau, de la naissance jusqu’à la mort ; cette définition prend donc en compte les périodes de vie improductive [1]. Pour d’autres, la longévité correspond à la durée de vie productive, c’est-à-dire de l’âge au premier vêlage jusqu’à la mort de l’animal [2].

En France, 60 % des vaches n’atteignent pas la 3ème lactation !

Aujourd’hui, la longévité moyenne des vaches laitières est de 5,8 ans (NORMABEV) et d’après les résultats du contrôle laitier des élevages bovins de 2021, réalisés par l’Institut de l’élevage, le rang moyen de lactation est de 2,5[3]. Le nombre de vaches par rang de lactation n’a pas évolué depuis 10 ans, avec un nombre important de 1ère et 2ème lactation au sein des élevages : 60 % des vaches n’atteignent pas la 3ème lactation !

Prim’Holstein : réformées à moins de 6 ans en moyenne !

D’importantes différences entre races sont observées. En effet, l’Abondance et la Montbéliarde sont les races qui vieillissent le plus avec respectivement 23,2 et 17,9 % de vaches en 5ème lactation et plus[3] ! En Prim Holstein, seulement 8,3 % des vaches font plus de 3 lactations. De plus, l’âge moyen à la réforme pour les Prim Holstein est de 5,8 ans, 6 ans pour les Normandes et 6,6 ans pour les Montbéliardes[4].

La figure ci-dessous présente la proportion des vaches au sein des troupeaux ayant réalisé plus de 4 ou 5 lactations en fonction de la race.

Un 1er vêlage précoce pour augmenter la part de la vie consacrée à la production

En termes de vie productive, la Prim Holstein occupe le 1er rang : elle produit du lait sur 46,2 % de sa vie contre 44,7 % pour la Montbéliarde et 43,4 % pour la Normande. Cela peut s’expliquer par l’âge au premier vêlage des génisses, qui est plus faible par rapport aux autres races, mais aussi par des durées de tarissement qui sont plus courtes[5].

L’évolution de la longévité est variable selon les pays

Dans la plupart des pays, la durée de la vie productive des vaches laitières a, de la même manière qu’en France, considérablement diminué au fil des années.

En France, en 1960, la durée de vie productive était supérieure à 4 ans, pour arriver à 2 ans en 2010.

La Nouvelle-Zélande fait figure d’exception avec une augmentation de près de 2 ans depuis les années 80. Aujourd’hui, les troupeaux de Nouvelle-Zélande présentent une moyenne de plus de 4,5 lactations par vache, avec un taux de renouvellement d’environ 20 %[6]. La Suisse suit la même tendance haussière.

Aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas, la durée de vie productive est restée stable ces dernières années, avec une valeur d’environ 3,2 années de production laitière.

Les situations variables observées entre pays s’expliquent en partie par des systèmes de production différents. Par exemple, la plupart des troupeaux en Nouvelle-Zélande sont soumis à un système basé sur du pâturage à faibles intrants contrairement à d’autres pays où les animaux sont maintenus au bâtiment toute l’année. L’intensification de la production peut constituer une autre explication. Par exemple, la sélection de femelles hautes productrices (FHP), peut avoir un effet défavorable sur la robustesse ou la longévité[7].

Cet article sera suivi de 2 autres parties dans le cadre du dossier sur la longévité : Pourquoi et Comment faire vieillir les vaches !

Biblio

[1] Schuster, J.C., Barkema, H.W., Vries, A.D., Kelton, D.F., et Orsel, K., 2020. Invited review: Academic and applied approach to evaluating longevity in dairy cows. Journal of Dairy Science, volume 103, n° 12. p. 11008-11024. Invited review: Academic and applied approach to evaluating longevity in dairy cows – ScienceDirect

[2] Pellerin, D., Adams, S., et Cue, R., 2014. Pour une vache, l’âge d’or c’est la 4e lactation! p. 15.

[3] THOMAS, G., ASTRUC, J.-M., ET BOURRIGAN, X., 2022. Résultats de contrôle laitier – France 2021. Institut de l’Élevage [en ligne] Date de consultation : 02/08/2022. Disponible sur : https://idele.fr/detail-article/resultats-de-controle-laitier-france-2021

[4] BTIA., 2021. Des vaches qui durent : le bon plan ? n° 179. p. 20-21.

[5] PHF., 2022. Résultats 2021 du Contrôle Laitier | Prim’Holstein France [en ligne]. Date de consultation : 02/08/2022. Disponible sur : https://primholstein.com/2022/resultats-2021-du-controle-laitier/

[6] LAMANDA, T., 2020. Et si on parlait de longévité des vaches laitières ? In : Progenes [en ligne]. Date de consultation : 27/09/2022. Disponible sur : https://progenes.fr/articles/et-si-on-parlait-de-longevite-des-vaches-laitieres

[7] DALLAGO, G.M., WADE, K.M., CUE, R.I., MCCLURE, J.T., LACROIX, R., PELLERIN, D., ET VASSEUR, E., 2021. Keeping Dairy Cows for Longer: A Critical Literature Review on Dairy Cow Longevity in High Milk-Producing Countries. Animals : an Open Access Journal from MDPI, volume 11, n° 3. p. 808. : Keeping Dairy Cows for Longer: A Critical Literature Review on Dairy Cow Longevity in High Milk-Producing Countries – PMC (nih.gov)

NORMABEV : échanges par mail

GP-FR-NON-230200055

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