Boiterie des bovins : détecter et soulager immédiatement pour favoriser la récupération, réduire les contaminations et les récidives

La boiterie est très répandue en élevage bovin. Elle est classée comme étant le premier problème de santé, devant les mammites, dans les élevages laitiers (75 VL) [1]. Dans les troupeaux allaitants (80 VA), la boiterie représente le 3ème problème de santé après les diarrhées et les maladies respiratoires.

La boiterie bovine est un trouble qui augmente en raison de l’évolution de la nature des élevages : taille grandissante des troupeaux, exigence de productivité, et moindre recours au pâturage. Malgré l’augmentation des boiteries en élevage bovin, celles-ci ne sont malheureusement pas toujours prises en charge de façon adéquate, et souvent trop tardivement.

La détection des boiteries est majoritairement basée sur l’observation de la démarche de l’animal, qui est malheureusement un signe révélateur tardif de la maladie. Ainsi, en moyenne 18 % des animaux d’un troupeau sont détectés boiteux alors qu’on trouve des lésions chez 77 % des animaux lorsqu’on lève les pieds de l’ensemble du troupeau. Cette sous-détection entraîne des soins tardifs et une souffrance de l’animal. [2] [3] 

Comprendre la boiterie

Le pied du bovin est une boite cornée, formée de kératine, qui joue 3 rôles : la protection de l’extérieur, l’absorption des chocs et l’appui. Chaque onglon supporte 70 à 100 kg. La corne du pied croit de 0,5 cm par mois.

C’est la douleur qui provoque la boiterie de l’animal. La boiterie est donc le mouvement réflexe de soulagement de la douleur. Elle est d’origine podale dans 95% des cas. Les origines de la boiterie sont multifactorielles :

  • Alimentation (fourbure, amaigrissement postpartum, etc.)
  • Habitat (couchage, humidité & hygiène, chemin d’accès aux pâtures, etc.)
  • Parage (préventif) insuffisant
  • Maladies générales
  • Infections et lésions du pied

Pour mieux la détecter et bien la soigner

l existe 3 critères faciles à observer pour détecter précocement une boiterie (dès le stade 2) : la modification de la ligne de dos (à l’arrêt et en mouvement), la modification des aplombs (rotation vers l’extérieur des postérieurs et jarrets serrés) et l’aspect des onglons. Les boiteries peuvent être classées selon la grille de notation suivante [2] :

SAVOIR FAIRE LE BON DIAGNOSTIC

Suite au récent classement en antibiotique critique de molécules autrefois communément utilisées, il est impératif d’accroître la vigilance et de faire évoluer ses pratiques dans la détection précoce des boiteries, dans l’établissement du bon diagnostic et dans le choix du protocole de soins adapté.

Exemple des boiteries infectieuses : Panaris – Fourchet – Mortellaro

DÉCLENCHER LE PROTOCOLE DE SOIN ADAPTÉ

Les affections du pied sont pour la plupart douloureuses. La douleur est intense notamment en cas de trouble infectieux, tel que le panaris (très douloureux), la maladie de Mortellaro, voire le fourchet. La majorité des travaux conforte l’intérêt d’une prise en charge de la douleur lors de boiterie podale, quelle que soit son origine, y compris lors de parage, pour soulager l’animal au plus tôt.

Le traitement doit être précoce pour éviter l’installation d’une douleur chronique qui répondra mal au traitement analgésique (contre la douleur) [2].

Dans le cadre des boiteries, l’administration d’un AINS (anti-inflammatoire non-stéroïdien) gagnerait à être systématisée : pour lutter contre la douleur et pour favoriser la récupération.

Gérer la boiterie : une priorité économique

Le coût total moyen d’un cas de boiterie bovine s’élève à 289 €. Les coûts indirects, plus difficiles à mesurer, sont plus élevés (180 €) que les coûts directs (109 €). Ils se matérialisent par une augmentation des réformes et de l’infécondité. Plus vous intervenez tôt, plus vous agissez sur la réduction des pertes !

Exemple sur la vache laitière en fonction des scores de boiterie : [7]

Testez vos connaissances !

01 En moyenne, 20% des animaux d’un troupeau laitier présentent des lésions sous les pieds?

Vrai                        Faux

Faux / Dans un troupeau laitier, des lésions sont découvertes chez 77% des animaux dont on lève le pied lors d’un parage préventif.

02 Les affections du pied peuvent passer inaperçues?

Vrai                        Faux

Vrai / Certaines affections du pied (selon l’emplacement) ne déclenchent de modification de la démarche, et pourtant, pénalisent la santé de l’animal, ses résultats, voire concourent à la propagation des bactéries. Il est nécessaire de prendre l’habitude de lever régulièrement tous les pieds, de les laver et de les inspecter de plus près.

03 Les vaches boitent lorsqu’elles maigrissent?

Vrai                        Faux

Vrai / Un bovin qui maigrit est plus sujet à la boiterie car son pied est équipé de coussinets plantaires graisseux jouant le rôle d’amortisseurs. L’amaigrissement (en particulier dans les semaines qui suivent le vêlage) réduit ce renfort. Le pied est plus proche du sol, plus exposé aux frottements et aux chocs, et donc fragilisé. Et les plaies deviennent une porte d’entrée pour les agents infectieux à l’origine des boiteries bactériennes (fourchet, maladie de Mortellaro, panaris).

04 La plus douloureuse des boiteries d’origine infectieuse chez les bovins est :

La maladie de Mortellaro                   Le panaris   Le fourchet

Le panaris (puis Mortellaro, puis le fourchet). Les bovins atteints de panaris montrent une boiterie prononcée. L’affection est très douloureuse même au repos. Le pied est enflé et chaud. Le panaris requiert un protocole de soins antibiotique (par voie générale) et anti-inflammatoire (pour réduire l’hyperthermie, la douleur et la boiterie).

05 La plus contagieuse des affections du pied chez les bovins est :

La maladie de Mortellaro                   Le panaris   Le fourchet

Contagieuse et difficile à éradiquer, la maladie de Mortellaro est en général consécutive à l’introduction d’un animal porteur dans le troupeau. Elle est une inflammation de la peau de la couronne des onglons. Dans sa forme aiguë, l’affection est fortement douloureuse. A ce stade, le protocole de soins repose sur : le nettoyage du pied, l’administration de spray antibiotique, le recours à un anti-inflammatoire pour soulager l’animal, le parage et des mesures visant à améliorer l’hygiène du pied.

06 L’affection du pied du bovin la plus propice aux complications graves est :

La maladie de Mortellaro         Le panaris   Le fourchet

Le fourchet est une inflammation observée à la jonction de la peau et du sabot. Sournois, le fourchet n’entraîne pas de boiterie dans un premier temps. Mais l’inflammation peut s’étendre et devenir chronique ; des lésions en forme de V apparaissent sur le talon avec érosion de celui-ci. A ce stade, les tissus profonds sont touchés, provoquant douleur intense et boiterie. La prise en charge repose sur l’administration locale d’antibiotique (spray) ou de désinfectants, associés au parage des lésions du talon ainsi qu’au recours à un anti-inflammatoire pour la réduire la douleur et la boiterie.

07 Le coût d’un épisode de boiterie est en moyenne de 300 € par animal concerné?

Vrai                        Faux

Vrai / La boiterie entraine un amaigrissement du bovin, une baisse de sa production, une dégradation des performances de reproduction. Et le poste réforme est le plus coûteux : il représente 1/3 des coûts sur un coût total moyen de 300 €.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Etude ADquation février 2017 menée auprès de 251 éleveurs (laitiers et allaitants)

[2] GUATTEO R. Locomotion des ruminants : se mouvoir pour mieux produire. Le Point Vétérinaire. 2015 ; 2-7.

[3] FABIAN J, LAVEN RA, WHAY HR. The prevalence of lameness on New Zealand dairy farms : a comparison of farmer estimate and locomotion scoring. Vet. J. 2014 ; 201(1) : 31-38.

[4] Collectif. BOREVE. Prise en charge de la douleur chez les bovins. Edition 2010 : 68 pages

[5] KOSSAIBATI & ESSLEMONT. The costs of production diseases in dairy herds in England. The Veterinary Journal 1997, 154 : 41-51

[6] DELACROIX. Maladies des bovins, Editions La France Agricole, 4ème édition 2008 : 232-285

[7] TIERS. Boiteries : conséquences sur la production. Bovins Santé, Mars 2015 : 16-19

GP-FR-NON-230200018

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