La gestion de la crypto en élevage allaitant

Les problèmes de cryptosporidiose

Je me suis installé le 1ᵉʳ janvier 2019. Dès la première période de vêlage, j’ai eu des gros soucis de diarrhées néonatales, de cryptosporidiose, qui étaient très complexes à gérer.

J’ai passé 300 litres dans la sonde en 50 jours, donc c’était matin, midi et soir et avant d’aller me coucher, je sondais mes veaux (5/6 veaux par jour) et j’ai deux veaux qui ont dû avoir 80 litres de solution chacun.

Le printemps 2020, je me sentais sur la corde raide et le printemps 2021, ça a été une nouvelle catastrophe en cryptosporidiose.

L’automne 2021 aussi et le printemps 2022 aussi. Donc tout ça, ça nous fait cheminer un peu quand même sur nos pratiques. Je me posais des questions sur mon transfert colostral et la prise de colostrum par les veaux.

Les bonnes pratiques pour gérer la crypto

a première bonne pratique, ça a été de rendre protocolaire la prise de colostrum chez moi. J’ai revu la ration des prépa-vêlages avec des lots bien distincts. J’ai aussi mis en place la marche en avant des animaux pour empêcher les retours. Je vaccine les mères pour enrichir le colostrum contre les diarrhées néonatales des veaux et contre l’entérotoxine.

L’intérêt de vacciner la mère, c’est d’enrichir le colostrum, parce que les parois placentaires de la vache sont tellement épaisses qu’il n’y a pas de transfert d’anticorps de la mère vers le veau pendant la gestation. Donc la seule chance qu’on ait de profiter du transfert d’anticorps, c’est de faire boire le colostrum enrichi au veau.

Et si on a des soucis particuliers, on vaccine la mère en conséquence pendant sa gestation pour enrichir le colostrum sur des anticorps bien particuliers, chez moi c’est les diarrhées néonatales. L’intérêt de la vaccination, c’est de faire du préventif. Le vaccin c’est un investissement, ça n’est plus une charge.

Les bénéfices sur la santé et la croissance des veaux

Les problèmes de diarrhées m’empêchaient de faire des vêlages à 30 mois (c’est pour ça que j’ai arrêté la double période de vêlage), provoquaient des retards de croissance sur les veaux, des frais vétérinaires énormes…

Donc tout ça a bien diminué. Entre 2021 et 2022 je suis passé de 100 % des veaux malades à plus aucun veau malade du tout la dernière saison de vêlage. Donc ça s’est bien amélioré. Je suis plus serein au moment des vêlages. Avant, j’appréhendais cette période. Maintenant, je suis un peu plus rassuré même si je fais très attention.

Et puis on a des conduites sur les animaux au niveau des rations. Après, on peut se permettre des conduites en ration en croissance compensatrice sur les animaux, donc des conduites plus économes, plus simples, avec des fourrages grossiers, des rations moins chères…

Donc tout ça a permis d’améliorer l’économie de l’exploitation.

Moi, je me disais que j’allais éradiquer la cryptosporidiose chez moi en désinfectant, en passant le kärcher… J’ai fait ça aussi. J’ai abdiqué, parce qu’elle est plus forte que moi et en fait, il faut apprendre aux animaux à se défendre, à s’y confronter mais dès le début.

Et c’est par le colostrum, la quantité et la qualité, l’heure à laquelle le colostrum est pris qu’on va y arriver.

Et après, c’est aussi par l’hygiène autour du vêlage. La confrontation des animaux aux microbes doit arriver progressivement et plus tard, quand ils sont déjà bien robustes, quand ils savent se défendre. Il faut qu’ils aient un certain âge pour cela. Et c’est grâce au colostrum qu’on prévient ces maladies.