Strongles digestifs bovins indissociables du pâturage : favorisez les bons contacts !

Les infestations vermineuses représentent le ‘gros morceau’ du parasitisme d’herbage chez les bovins. Leur importance est variable selon les régions, les saisons et l’âge des animaux. Au pâturage, les strongles ont un pouvoir pathogène important et leur incidence sur la santé et les performances des animaux peut être forte en l’absence d’immunité.

La plupart des strongles sont invisibles à l’œil nu. Leur corps est fin comme un fil et les plus longs ne dépassent pas 3-4 cm. Les strongles pulmonaires infestent les poumons ou les bronches. Les strongles digestifs infestent la caillette ou les intestins.

Le principal strongle digestif du bovin est Ostertagia, qui s’infiltre dans la muqueuse de la caillette. Ce petit ver, à peine plus gros qu’un fragment de cheveu, peut être détecté en raclant doucement la muqueuse avec la lame d’un couteau, en cas d’autopsie ou à l’abattoir. Des lots entiers de jeunes bovins, en première saison de pâturage, peuvent présenter des diarrhées et un amaigrissement rapide en cas d’infestation massive en fin d’été. Les larves avalées en fin de saison de pâturage peuvent aussi s’enkyster dans l’épaisseur de la paroi de la caillette durant tout l’hiver.

Elles reprennent leur développement au printemps suivant et sortent de la muqueuse pour retourner dans la lumière du tube digestif. Cette sortie peut aussi être brutale en cas de stress (changement de température, vêlage) et se traduire par des signes cliniques d’ostertagiose en plein hiver. Les bovins adultes ont une capacité naturelle à résister aux strongles digestifs grâce à leur immunité naturelle et durable qu’ils ont développée plus jeune, au contact des parasites.

Strongle

Strongles digestifs : un risque prévisible

Selon les années, la météorologie et la gestion des ressources en herbe, les strongles sont plus ou moins nombreux, et les infestations plus ou moins précoces. Pour prévenir leurs conséquences défavorables, il est utile pour l’éleveur de bien connaître :

  • pour une situation géographique donnée, les vers potentiellement présents,
  • pour une période de l’année donnée, les risques d’infestation,
  • pour une catégorie d’animaux donnée, ceux qu’il faut traiter en priorité.

Ostertagia, le strongle de la caillette, sévit partout en France et dans tous les types d’élevages. Il est, de plus, extrêmement tenace.

Le cycle direct des strongles les rend dépendants des conditions climatiques. Si les larves de strongles digestifs sont assez résistantes au froid, elles sont sensibles à la sécheresse (qui peut les détruire). Au printemps, dès que la température nocturne remonte aux alentours de 10°C, les larves (et même parfois les œufs) de strongles de l’année précédente reprennent leur évolution.

Selon la région, l’année, la période critique d’infestation se situe entre juillet et octobre (pic d’été).

Le risque lié aux strongles est le plus important chez les animaux pâturant pour la première fois, les jeunes génisses laitières en particulier.

Dans les élevages allaitants, les veaux sous la mère consommant peu d’herbe en 1ère année se parasitent moins et peuvent développer leur immunité en l’absence de traitements excessifs. Le risque survient lorsque l’alimentation herbagée devient majoritaire en l’absence d’immunité construite préalablement.

Ralentir le développement des résistances aux anthelminthiques et mieux respecter l’environnement

Les strongles gastro intestinaux sont indissociables du pâturage en élevage bovin. Il s’agit donc pour l’éleveur de vivre avec, en adoptant de bonnes pratiques préventives :

  • Développer l’immunité naturelle des jeunes bovins en début de carrière, grâce à une infestation contrôlée.
  • Travailler la conduite du pâturage.
  • Vermifuger les animaux les plus à risque au bon moment, à la bonne fréquence tout en permettant un niveau d’infestation minimal. L’objectif du traitement est à la fois :
  • De limiter l’infestation des animaux
  • De limiter la contamination des parcelles
  • De ne pas entraver l’acquisition d’immunité du jeune ruminant
  • De ne pas favoriser le développement de souches de strongles résistants au traitement
  • De ne pas perturber l’écosystème des prairies, par la présence, dans les fèces des animaux, de résidus actifs sur les bousiers et plus généralement sur toute la faune chargée de recycler la matière organique

Avant les années 60, la plupart des vermifuges (ou anthelminthiques) étaient d’un emploi parfois dangereux. Il s’agissait alors de mélanges CNA (cuivre-nicotine-arsenic) ou de chlorure de tétrachlorure de carbone en injection intra-trachéale par exemple.

Aujourd’hui, la sécurité d’utilisation des antiparasitaires n’est plus sujet de préoccupation, mais leur usage déraisonné peut être associé à d’autres phénomènes : l’augmentation des résistances aux anthelminthiques, l’atteinte à l’équilibre de l’écosystème des prairies (faune et flore), et l’entrave au développement de l’immunité.

Pour minimiser ces dérèglements, l’infestation des animaux aux strongles doit être contrôlée au sein d’un plan co-raisonné entre l’éleveur et le vétérinaire. Et le développement de l’immunité naturelle des jeunes bovins en début de carrière doit y apparaitre comme une priorité.

Une étude[1] a permis de déterminer que 8 mois cumulés de contact sont nécessaires pour considérer l’immunité acquise comme protectrice pour le bovin (appelé TCE pour Temps de Contact Effectif). Il est crucial de favoriser les contacts dès la première mise à l’herbe pour atteindre le TCE le plus tôt possible. Son acquisition peut, en effet, être entravée par des impondérables météorologiques comme la sécheresse.

Privilégier les solutions qui permettent de maîtriser la juste dose de traitement sur les animaux ciblés, c’est ralentir le développement des résistances aux anthelminthiques et mieux respecter l’environnement.

Le cycle direct des strongles de la caillette

Des œufs (ou des larves dans le cas du dictyocaule, strongle pulmonaire) sont expulsés dans les excréments et contaminent la pâture.

Lorsque les conditions climatiques sont favorables, ces œufs se transforment et passent successivement par 3 stades larvaires (L1, L2 et L3).

Les larves de troisième stade (L3) sont les seules dotées d’un pouvoir infestant. Une fois avalées, elles sont capables, après deux autres métamorphoses (L4 et L5), de se transformer en ver adulte.

Cycle direct des strongles de la caillette
Cycle direct des strongles de la caillette

Le temps d’évolution des œufs en larves infestantes est variable selon la saison. Trois à quatre semaines au printemps et à l’automne, 5 à 7 jours en mai ou juin. Une fois ingérée par un animal non encore immunisé, la larve L3 met trois semaines pour devenir un ver adulte et pondre.

Les larves des strongles s’infiltrent dans la muqueuse digestive de la caillette (pour Ostertagia ou Haemonchus) ou de l’intestin (pour Nematodirus). Les larves de dictyocaule poursuivent leur progression vers les poumons en empruntant les voies lymphatiques et sanguines. Les larves d’Ostertagia et de dictyocaules peuvent vivre plusieurs mois (automne et hiver) au ralenti (en s’enkystant dans la paroi de la caillette pour Ostertagia) et reprendre leur activité au printemps suivant en évoluant alors vers le stade adulte.

Pour davantage d’informations : vetorural@msd.com

Bibliographie

[1] Ravinet et al. Le niveau d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank (DO) à utiliser ou non ? Le Nouveau Praticien Vétérinaire, Vol 7 n°29, P40‐46, décembre 2014.

GP-FR-NON-230200076

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